mercredi 12 décembre 2007

ZDAR SYSTEM-L’interview




Cette été, à moins d’avoir été ceuillir des prunes fluos sur la lune, vous ne l’aurez sans doute pas raté car les Cassius et Philippe ZDAR étaient littéralement partout.

Philippe Zdar est l’un des pionniers de la musique electro. Cassius firent nos beaux jours en 1999 avec l’album 1999. Puis vint “au Rêve”. Leur dernier album “15 again”, paradoxalement très mature, est sorti depuis quelques mois chez nous et est tout récement sorti au USA.

Monsieur Zdar sera aussi le bouquet final de la soirée de fin d’année de l’AB ce 21 décembre.
C’est le moment, c’est l’instant ideal pour en apprendre plus sur ce philantrope sensible et généreux.

Philippe se raconte, raconte l' ado qui s’est accroché à ses rêves et qui devenu adulte, à peut-être connu quelques désilusions mais reste fidèle à lui même.

Philippe Zdar me fait penser à Gainsbourg en plus sophistiqué, un peu moins torturé, moins désabusé mais tout aussi sensible. Philippe fut un ado qui revais comme la plupart des ados, à la difference que certains ne lachent pas leurs rêves en dépit des circonstances. Zdar vivais en province et est parti suivre son rêve à Paris, d’abord comme assistant puis finalement comme ingénieur du son tout en faisant de la musique sur le coté. Ce qui l’amènera à travailler avec MC Solaar, Bjork et d’autres.
Il collaborera avec Etienne de Crecy sur l’album House Pansoul sous le nom de Motorbass qui sort en 1996. Wikipedia et d’autres sources en parle comme un disque majeur de la “French Touch” (explications dans l’interview par PZ).
Je le suspecte d’être très généreux de son talent et d’aider beaucoup de monde et pas seulement de manière très visible. Un peu comme Prince , qui utilise des pseudos pour signer ses productions et compositions pour bien des artistes…
Tous les artistes que j’ai rencontrés jusqu’a present , m’ont confiés avoir beaucoup de respect pour Monsieur Z. C’est un signe qui en dit long… Avec le groupe Cassius, la musique est mise à disposition de tous sur une page Myspace qui fait office d’atelier nommé “Cassius/workshop”pour que leurs titres soit retravaillés et remixés par plus de 500 artistes et producteurs et écouté par plus de 52 000 "amis".

Ca sent la générosité et la philantropie à plein pif.
(D’ailleurs Faroud et Stiv dont je vous parlais en mai seront …mais …shhtt, on en saura plus bientôt).



***

Je pense à un précepte énoncé par le prix Nobel de Littérature V.S. Naipaul à son "disciple" l'auteur Paul Theroux:
"L'homme s'efface derrière l'oeuvre". C-à-d, l’”oeuvre” est mise en avant et l’homme vient en second plan. Ce qui me fascine c’est comprendre ce qui à inspiré “l’oeuvre”; comprendre un peu plus qui est l’homme. On voit celle-ci alors sous une autre lumière.
On sait déjà beaucoup sur ta musique, sur Cassius, Motorbass, sur certaines de tes autres collaborations, sur le pourquoi du titre “15 Again” etc…(15 ans à nouveau-Ndlr).


M: Justement, comment était l’ado Zdar à 15 ans ?
Z: Turbulent, entraîneur, ventard et obsédé par les filles et les potes.

M: Tu faisais quoi ?
Z: Des bêtises à l'ecole, j'entrainais mes amis, je draguais beaucoup(ou au moins j'essayais), je jouais de la batterie dans un groupe de hard et de punk, je racontais des histoires, j'essayais de faire rire tout le monde et je passais ma vie à écouter de la musique fort.

M: Tu étais où ?
Z: En province, trop loin.
M: Tu écoutais quoi ?
Metalica, Les Violents Femmes, les Doors, Strangers, Sexpistols, Blondie
Sheila, Iron Maiden etc...

M: Tu as préservé une part de cet ado en toi ?
Z: Un peu, mais je l'ai fui à grandes enjambées
M: Que te reste-il ?
Z: Surexcité, en retard, grande gueule
M: Es-tu un éternel ado sous certains rapports ?
Z: Non, ça me déprime chez les autres mais en même temps je suis mal placé pour le savoir.

M: Tu rêvais de devenir quoi professionnellement quand tu étais
enfant ?
Z: Agent secret ou glacier.

M: et puis ado ?
Z: Batteur dans un groupe qui marche en Amérique.

M: Aimerais-tu que tes enfants fassent de la musique ?
Z: J'aimerais juste qu'elle soit heureuse et qu'elle fasse un truc qui lui plaise vraiment (artistique ou autre)

M: Tu fais écouter qui ou quoi à ta fille pour l'"éduquer" musicalement?
Z: Ma fille écoute ce que j'écoute en voiture ou à la maison donc de Pharoa Sanders à la techno en passant par David Byrne;d'ailleurs ses deux groupes préférés sont les « Violents Femmes » et les « Talking Heads » mais elle aime aussi Mika. Ce n’est pas pour l'éduquer, elle aimera ce qu'elle aimera, c'est sa vie.

M: On t'a "éduqué", guidé musicalement ?
Z: Pas vraiment, mais ma soeur adorait la musique,je pense que je me suis éduqué en réaction à ce qu'aimait ma soeur (Genesis Beatles, Pink Floyd, Neal Young).
Même si depuis trois ans j'adore Neil Young,c'était en reaction par rapport à ma soeur que j'aimais les trucs violents.

M: Tu avais des musiciens dans la famille ?
Z: Mon pere jouait du trombone et de l'accordéon.

M: Qu'est-ce qui t'a fais venir à Paris ?
Z: J'en revais depuis toujours c'était mon but ultime.
La province était trop petite pour moi.
Je rêvais d'anonymat, du Palace (une boite de nuit célébre-ndlr), des filles, des branchés, de Picasso, des musées, de restos ouverts la nuit, des cinémas d'art et d'essais etc...
Mais ce qui m'a vraiment fait venir c’est que c'était le seul endroit avec des studios en France et c'était ce que je voulais faire.

M: Tu y es venu à quel âge ?
Z: 20 ans pile.
M: Quand tu bossais dans le studio de mixage et que tu avais décidé de
faire de la musique pour toi; as-tu connu des momments ou tu t'es dit"punaise, j'y arriverais jamais" ou bien les choses sont venues à toi sans que tu les cherches ?
Z: Oh oui ! mille fois j'ai flippé mais pas du passage son/musique plutôt
du passage d’assistant à ingenieur.
Quand je me suis mis à faire de la musique, c'etait la tekno mon rêve
alors y arriver n'était pas le but... Presque au contraire, ça permettait d'être calme et de se concentrer sur l'essentiel c-a-d la musique,pas la bagatelle.

M: “15 again” vient de sortir aux US. Ce qui est énorme. Celui-ci sera t-il suivi d’une tournée ?
Z: Aux US en 2009, pas avant.

M: T'y a été souvent ?
Z: Avant j'y allais tout le temps, c'est le pays de mes rêves. Maintenant, un peu moins mais plus parce que j'aime moins voyager longtemps et aussi parce que il y a eu beaucoup de changements.

M: T’as des anecdotes americaines ?
Z: Mille.

On a tourné la bas au début de la “French Touch”.Des français qui tournent aux USA, c'était déjà assez rare alors tout de suite ça ramenait beaucoup d'histoires mais c'est loin de moi tout ça j'ai dû mal à me rappeler.

M: French Touch ça veut dire quoi ? (je sais mais explique en des mots à toi, s’il te plait)
Z: Je sais pas trop… c'etait juste un terme journalistique pour simplifier le truc, pour créer une famille, soi-disant c'est un truc de classe mais quand tu vois la musique que ça représente, à part trois quatre groupes, c'est plutôt d'une
ringardise extrême.

M: Qu'est-ce qui se passe avec la musique "Made in France" et la façondont elle s'exporte selon toi ?
Z: Je trouve qu'elle pourrait venir de n'importe où,je la trouve pas spécialement française.
C'est juste une sorte de suite à la house de Chicago ou de la tekno de Detroit mélangé au rap, au noise ou à tout ce qui se passe en ce moment.

M: Tournée européenne bientôt terminée donc des anecdotes de la tournée ?

Z: Tournée en live c'était fou, c'est tellement différent, les gens sont là pour toi, tu chantes tes chansons, tu risques presque ta vie, le groupe joue, y a des jours fabuleux, d'autres bien pourris...

Les émotions sont mille fois plus fortes qu'en dj, juste ça prend mille fois plus de temps, d'argent d'énergie alors on est heureux quand ça se calme et on sera heureux quand ça repartira.

M: Mais ça fait quoi de partir en tournée ?
Z: c'est l'Amérique !!! c'est regarder la vie qui passe du bus, c'est comme l'armée en super drôle, c'est une histoire de bande, c'est comme la jeunesse encore une fois.

M: Qu'est-ce que tes parents pensent du fait que tu "fais de la musique"?
(en passant tu peux les saluer, comme chez feu Jacques Martin)

Ma mère était contente parce qu'elle n'aime que la tekno, le reste elle n'aime pas trop, c'est trop vieux jeux, d'ailleurs je crois qu'elle est beaucoup moins fan depuis qu'on fait de la pop .

M: Elle écoute ce que tu fais ?
Je crois qu'elle écoute à fond avec ma fille des fois quand j'ai le dos tourné.
Mon père lui malheureusement ne sait même pas ce que je fais... il Il a disparu quand j'étais gosse
mais j'aimerais bien qu'il sache... mais bon.


M: C'est quoi tes autres passions ?
Manger au restaurant, boire du vin, lire des romans, dîner et parler avec des gens en fumant des cigarettes, les expo permanentes des musées d'art d'avant, j'aime être à Ibiza, j'aime écouter de la musique fort dans ma voiture ou mon salon, le chocolat et le café noir, j'ai une passion pour être nu au lit avec la femme que j'aime, j'aime écouter les histoires de ma fille ou de mes amis ou des gens qui les racontent bien, j'adore le cinéma italien, americain et francais mais d'avant et le cinéma d'horreur et de science fiction, j'aime me balader des heures dans Paris et Rome, ou dans Venise mais uniquement la nuit, j'aime être à la terrasse d'un café des journées entières à regarder les autres, j'aime manger des glaces chaque jour de l'année et j'aime voir les gens vivre dans les boîtes de nuit comme si c'était la fin.

M: Ton parfum ?
Pour monsieur ou l'eau de cologne, les deux de Chanel.

M: Quels-sont des designers que tu apprécies ? (oh j'avais oublié de te dire: ELLE est un mag de MODE ;)
Z: En design, j'aime Jasper Morrison et Ron Harad.
En mode, j'aime Ann Demeulemeester, Nicolas Ghesquiere avec Balenciaga, Stefano Pilati pour YSL et Dries van Noten.

M: C’est quoi tes futurs projets ?
Z: On fait un disque de Cassius avec Nike et Apple et après je fini un disque solo que j'espère sortir avant l'été prochain.
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Philippe Zdar sera la cerise sur le gateau de la grosse teuf de fin d’année de l’Ancienne Belgique le 22 décembre.

EXIT07: JERBOA, ETIENNE DE CRECY, DIZZEE RASCAL, DJ Medhi et en final Philippe ZDAR.



Leçon du jour : Le sample c’est quoi ?
Un morceau d’une chanson existante qui transformé, va en devenir une autre ou la complêter.

Allez regarder les deux-exemples ci-dessous, vous comprendrez mieux.
Bonne écoute !

Donna summer sample: http://fr.youtube.com/watch?v=2c31AyKypWs
Cassius 1999


Gwen McCrae - All This Love That I'm Giving
http://fr.youtube.com/watch?v=WUunvxEc7zk

Cassius: My feelings for you
http://fr.youtube.com/watch?v=f8PeumAqwU4

http://www.myspace.com/cassiusworkshop
http://www.myspace.com/cassius15again
http://www.myspace.com/philippezdar
http://www.abconcerts.be/concerts/concertinfo.html?c=101830

Ancienne interview : http://jeannoel.roueste.free.fr/techno/interviews/cassius/cassius.html
Photo credit : Sara Montali, MLLA, Cassius.

MLLA